L’industrie et les prémices de l’industrialisation, XVIe -XVIIIe siècle

par Jean-Michel Minovez

Lorsque débute l’époque moderne, la France n’est pas seulement un pays d’agriculture et d’artisanat ; elle est déjà un pays d’industries. Nombreuses sont les activités de transformation qui dépassent les besoins locaux d’approvisionnement, intéressant les marchés aux horizons plus ou moins lointains. Toutefois, parler d’industrie pour l’époque moderne ne va pas de soi et nécessite un effort spécifique et approfondi de définition.

Louis XIV visitant la manufacture des Gobelins. Tapisserie des Gobelins, d’après un carton de Le Brun. Château de Versailles


La période qui court de la sortie de la grande crise de la fin du Moyen Age et qui se termine au début de la Révolution française marque la première phase de croissance significative de l’industrie française. Les secteurs déjà présents se développent, de nouveaux apparaissent ; les espaces de l’industrie mutent sensiblement par l’émergence de nouvelle manières de produire fondées sur des techniques et des espaces manufacturiers innovants, aussi par l’exceptionnel élargissement au monde rural, les villes trouvant parfois un nouveau souffle industriel.

Du fait de cette dynamique, la période étudiée voit se mettre en place les prémices de l’industrialisation, processus qui s’étale sur plusieurs siècles, faisant de la France une des deux principales puissances industrielles mondiales.

Mais la croissance n’est pas linéaire et l’époque moderne est marquée par des cycles où périodes de croissance, de stagnation voire de régression se succèdent : le « beau XVIe » laisse la place à un siècle suivant plus contrasté à l’industrie ralentie, le XVIIIe étant celui de l’expansion et d’une prospérité relative.

Le développement industriel ne touche pas toutes les provinces. Les activités de production ne sont pas présentes avec la même intensité sur l’ensemble du territoire. Des spécialités régionales émergent aussi. Enfin, le caractère mouvant des frontières françaises doit être pris en compte car, en gagnant de nouvelles provinces, le royaume a aussi bénéficié de nouveaux espaces industriels dont certains étaient très dynamiques.