2.1.4 Conclusion


Issue d’une vieille tradition, la Fabrique lyonnaise est jusqu’aux années 1880 « le noyau central de la richesse et du dynamisme de la ville »[68] avant de s’affaiblir devant la concurrence sur un marché de plus en plus marqué par la démocratisation des étoffes de soie. Selon Louis Reybaud, il s’agit, au milieu du siècle, d’une industrie « des plus solides que l’on puisse imaginer »[69]. Cette solidité, la Fabrique la doit à sa capacité à réinventer ses formes d’organisation pour s’adapter à une conjoncture capricieuse, c'est-à-dire à sa flexibilité construite surtout en fonction des intérêts du donneur d’ordre qui conçoit, coordonne, rassemble et commercialise la production[70]. Ainsi la vieille activité protoindustrielle a pu connaître son apogée alors même que la première révolution industrielle commençait à s’essouffler. A la fin du siècle, les capitaux accumulés par la Fabrique pourront être réinvestis dans des secteurs plus dynamiques qui ne manqueront pas de trouver dans les traditions industrielles lyonnaises un atout à exploiter. C’est en 1863 qu’est fondé le Crédit lyonnais, fruit de l’association de puissants négociants-banquiers en grande partie issus de la Fabrique[71].


Notes :

[68] Pierre Cayez, « La prospérité lyonnaise », op. cit., p. 250.

[69] Louis Reybaud, Etudes sur le régime des manufactures, Paris, 1859, p. 24-25.

[70] Alain Faure, « Petit atelier et modernisme économique », art. cité.

[71] Hervé Joly, « La soie, fibre du libre-échange », l'Express, 1er juin 2002.