2.3.2 Une « révolution industrielle » tardive (1835-47) ?


Marseille, ville de la mécanique et de la vapeur

Dans les années 1830 et 1840, l’industrie marseillaise connaît une « révolution industrielle »[92] permise par la modernisation des procédés de production dans la vieille industrie savonnière et dans l’industrie chimique (soude), et par le démarrage de l’huilerie et l’essor des minoteries et de la sucrerie. La mécanisation qui s’en suit contribue à la constitution et au développement d’une industrie mécanique qui fabrique notamment des machines à vapeur pour le marché local et bientôt pour l’exportation[93]. Ces activités nouvelles profitent du protectionnisme, de l’abondance des capitaux locaux et des compétences de techniciens britanniques comme Philip Taylor. Marseille s’affirme comme une ville pionnière du fer et de la vapeur pour l’industrie, la navigation et les chemins de fer[94]. Cette « révolution industrielle », en réalité, ne répond pas au modèle classique anglais parce ce n’est pas elle qui lance le processus industriel, elle n’en est que le prolongement

Un fonctionnement efficace

Cette modernisation qui touche tous les secteurs à des degrés divers se conjugue avec l’utilisation d’une main d’œuvre abondante et peu chère dont le nombre peut être augmenté et le coût diminué par le recours à l’immigration. La valeur de la production industrielle augmente de presque 40% entre 1830 et 1841[95] et, à cette date, l’industrie marseillaise donne du travail à plus de 21 000 ouvriers. Si les activités artisanales et la petite entreprise conservent une certaine importance, ce sont les entreprises grandes et moyennes des secteurs nouveaux ou rénovés qui permettent cette croissance. Les nouvelles entreprises s’implantent à Marseille même, mais aussi sur tout le littoral voisin de Martigues à La Ciotat.


Notes :

[92] Xavier Daumalin, Olivier Raveux, « Marseille (1831-1865)… », art. cité.

[93] Michel Lescure, « L'industrialisation de Marseille : les perspectives du XIXe siècle », Histoire industrielle de la Provence, op. cit., 11-21.

[94] Olivier Raveux, Marseille, ville des métaux et de la vapeur au XIXe siècle, Paris, CNRS-Editions, 1998.

[95] Xavier Daumalin, Olivier Raveux, « Marseille (1831-1865)… », art. cité.