1.2.1 La croissance

La croissance économique des années 1944-1974 est impétueuse dans plusieurs pays d’Europe occidentale et au Japon.


L’augmentation du PNB se situe entre 5 et 6% l’an aussi bien en France, qu’en République Fédérale, en Italie ou en Suisse. Seul, le Royaume-Uni reste aux alentours de 3% l’an car il est freiné par les retard d’investissements (l’argent du Plan Marshall a beaucoup servi à payer la dette) et par les phénomènes monétaires (convertibilité de la £ivre).
Le cas de la République Fédérale d’Allemagne est intéressant car elle a relativement moins bénéficié du Plan Marshall et elle connaît une croissance remarquable[226].

A la différence de la France la gestion de l’économie et de la société ne s’inspire pas des grands principes de l’économie keynésienne mais de « l’ordolibéralisme », soit un libéralisme équilibré par des formes importantes de dialogue social et une recherche permanente des équilibres budgétaires.

Si la croissance est comparable dans des pays qui mettent en oeuvre des politiques différentes, c’est que le ressort essentiel de la croissance est celui de la consommation qui entre après-guerre dans sa phase de masse pour les pays d’Europe occidentale. La consommation et l’équipement des ménages ont rapidement relayé la reconstruction des pays dévastés par le conflit. L’essor de l’automobile individuelle en est la parfaite illustration et la hausse régulière du pouvoir d’achat des ménages le mécanisme intime. « A partir de 1949, la majorité du pouvoir d’achat des ménages est employé à l’achat et à l’entretien des voitures »[227]. Cette croissance partagée créée une situation de plein emploi dans tous les pays concernés. Le taux de chômage en % de la population active est en France de 1.9 de 1950 à 1959 et de 1.6 de 1960 à 1969. Les entreprises font appel massivement à la main d’oeuvre étrangère, surtout en France car la RFA bénéficie des réfugiés d’Europe orientale et l’Italie quant à elle cesse d’être un pays d’émigration.

Dans ce processus de modernisation et de croissance, la principale particularité française est celle de l’inflation qui déclenche une très grande instabilité monétaire, le franc est dévalué de nombreuses fois. Mais les dévaluations n’ont pas que des effets négatifs sur l’industrie française. Au contraire, les groupes industriels qui se consolident dans les années 1960 deviennent de puissants exportateurs. Ainsi, et en dépit de sa dépendance énergétique à l’égard des produits pétroliers, la France maintient un solde sa balance commerciale à peu près à l’équilibre, avec quelques années d’excédents.


Notes :

[226] Alan S Milward, The reconstruction of western Europe 1945-1951, London, Methuen and co, 1984.

[227] Patrick Fridenson, « L’industrie automobile : la primauté des marchés », Historiens et Géographes, n°357 - 358, juin 1997, La IVe République. Histoire, Recherches et Archives.