2. La désindustrialisation de la France, milieu des années 70/années 2010
La crise de 1973-1974 marque le début d’une nouvelle période dans l’histoire du capitalisme français.
Alors que le mode de régulation fordiste se décompose, l’internationalisation des marchés, la libéralisation financière et l’intégration européenne imposent de nouvelles contraintes auxquelles la France a plus de difficultés que la plupart des pays développés à s’adapter.
Alors que, au milieu des années 1970, elle disposait d’une industrie moderne et puissante, 40 ans plus tard, celle-ci est très affaiblie et marginalisée. Son décrochage par rapport à l’industrie allemande qui pèse deux fois et demie plus lourd, est impressionnant. En effet, plus que les autres pays européens, la France a été touchée par la désindustrialisation et la dégradation des échanges extérieurs de produits industriels. Aussi ne vit-t-elle plus qu’au rythme des fermetures d’usines, des plans sociaux, des chiffres du chômage et des grèves désespérées pour la défense de l’emploi. Alors que plusieurs pays européens sont parvenus à sauvegarder leur industrie ou même ont réussi leur réindustrialisation, l’incohérence des politiques suivies par les gouvernements successifs ne lui a pas permis de remonter la pente, si bien que la situation ne cesse de se dégrader, au point que la France est désormais menacée d’un déclassement irréversible.
Afin d’avoir une vue d’ensemble de cette trajectoire unique en Europe et d’en comprendre les ressorts, on retracera d’abord les étapes de la débâcle, puis on dressera une sorte d’état des lieux en étudiant successivement les faiblesses structurelles de l’industrie, les effets des politiques publiques, les structures des entreprises, les évolutions sectorielles, et les mutations sociales et territoriales.
Ce chapitre a été écrit en 2017 à partir de données disponibles en 2014.