1.2.2 L'Amérique

Si la croissance se développe sui generis par la consommation de masse, son essor initial a bénéficié à plein de l’impulsion initiale du Plan Marshall et des différentes formes d’aide américaine.


Les effets de l’aide Marshall sont surtout importants sans les années cinquante. De 1945 (prêt bail non remboursé) à 1955, la France reçoit environ 5 milliards de $. Et il est très important de comprendre dans le cadre d’une histoire industrielle que l’influence américaine ne se limite pas à des prêts ou des bons d’achat. Il y a toute la dimension culturelle de l’exportation des modes de vie et de consommation[228]. Le modèle américain est particulièrement influent pour la gestion et l’organisation des entreprises et nombreux sont les groupes français qui sollicitent des conseils d’organisation aux entreprises américaines spécialisées dans ce domaine[229]. Tout aussi important est l’épisode des missions de productivité[230]. Ces missions, financées par le Plan Marshall, réunissent des ingénieurs et quelques syndicalistes réformistes (car la CGT refuse d’y participer par antiaméricanisme) et elles visitent longuement des usines américaines homologues aux leurs afin de prendre la mesure des progrès des techniques et surtout de la productivité qui devient un concept majeur de la gestion des entreprises françaises. Il s’agirait de créer un choc psychologique et d’encourager une convergence entre partenaires sociaux[231].


Notes :

[228] Richard F. Kuisel, Seducing the French. The Dilemna of Americanization, University of California Press, Berkeley, Londres, 1993.

[229] Mathias Kipping, O. Bjarnar, eds, The Americanisation of European Business, Routledge, London, 1998.

[230] Dominique Barjot, ed., Catching up with America. Productivity Missions and the Diffusion of American Economic and Technological Influence after the Second World War. Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2002.

[231] Michel Margairaz, 1991, op. cit. p. 1207.