2.5 Des trajectoires sectorielles contrastées

L’étude détaillée de l’évolution des principaux secteurs de l’industrie française n’a pas sa place ici.


En revanche, l’étude comparée des trajectoires contrastées de deux secteurs, l’automobile et l’aéronautique, qui en constituent le coeur, permet de mieux comprendre les ressorts de son évolution, en faisant ressortir les mécanismes du décrochage dans le premier cas, et les raisons du maintien de sa position de leader dans le second.

☖ La French Tech : les entreprises de demain ?


L’opinion est davantage sensible aux fermetures ou aux délocalisations d’entreprises parce qu’elles sont synonymes de destructions d’emplois qu’à la faiblesse de l’essor des activités nouvelles. Bien plus, la presse et les pouvoirs publics se gargarisent des succès de de la French Tech qui feraient de la France une pépinière de startups. Pourtant, trois années après la création par le gouvernement de la French Tech en 2013, le bilan est mitigé.[1].

Dans le classement des startups européennes en forte croissance opéré par le cabinet Deloitte, 94 des 500 sociétés classées sont françaises ; les investisseurs français ont financé 1 893 entreprises en 2016 ; des fonds de capital-risque ont été créés par des groupes du CAC 40 (l’Oréal, Total, Air liquide, Michelin, etc.) pour accompagner le développement des startups ; Xavier Niel, fondateur de Free, a créé à Paris Station F, le plus grand incubateur de startups au monde. Cependant, les faiblesses ne manquent pas. Malgré les progrès réalisés, le financement est encore insuffisant : en 2016, les entreprises françaises ont levé 1,6 milliard sur le marché international, contre 1,9 pour l’Allemagne et 4,8 pour le Royaume-Uni mais très loin derrière les Etats-Unis et la Chine. Les entreprises manquent d’ingénieurs dans tous les métiers, et il n’y a pas assez de transferts technologiques entre le monde académique et celui des entreprises. Beaucoup de startups ne poursuivent pas leur croissance en nom propre car leurs fondateurs ne savent pas être des entrepreneurs de long court et n’envisagent pas d’autre avenir pour leur entreprise que sa cession, le plus souvent à un groupe étranger. La liste des pépites passées sous pavillon étranger ne cesse de s’allonger : pour la seule année 2016, c’est le cas par exemple de MooStocks (intelligence artificielle), Cegid (éditeur de logiciels), ePawn (jeux connectés) ou Withings (objets de santé connectés). Pourtant, il est possible de s’inscrire dans un plan stratégique tourné vers l’avenir comme le démontre la réussite de Free.

✐ Source : [1] Constant Méheut, « Trois ans après sa création, où en est la French Tech ? », La Tribune, 2 août 2016 ; « Cessions de startups françaises à des groupes et fonds étrangers : sachons dire stop ! », L’Usine digitale, 23 août 2016 ; Sophy Caulier, « Franch Tech conquérante », Le Monde, 18 avril 2017.