2. Les évolutions plurielles des mondes du travail et des territoires industriels

Loin d’être homogène, l’évolution de l’industrie française de 1880 à 1914 affecte différemment, comme nous l’avons vu, les secteurs manufacturiers, mais elle s’appuie, par ailleurs, sur une transformation contrastée des mondes de production.


Le dualisme qui oppose les secteurs modernes et les secteurs les moins avancés sur le plan technique caractéristique de l’industrie française se retrouve au niveau des entreprises. Parfois dirigées par des responsables salariés - quelquefois polytechniciens - dans les plus importantes d’entre elles, ou, le plus souvent par des fils de patrons peu diplômés dans les PME, elles sont peu concentrées. Si le travail reste profondément marqué par les façons traditionnelles et le poids du métier, le manque de main-d’œuvre encourage les partisans de l’OST et de la mécanisation qui réorganisent partiellement la production, notamment dans les industries de base et dans l’automobile. Parallèlement, la géographie industrielle se réorganise en favorisant le développement des banlieues - particulièrement celui de la banlieue parisienne - en créant de nouveaux territoires comme les vallées hydroélectriques alpines, tandis que les plus anciens disparaissent à s’adaptent tout en conservant leur structure (pays d’Olmes, vallée de l’Arve).